Barnabé l’épicier, c’est remettre l’épicerie au centre du village.
Nous sommes fin 2013 dans le Perche et il n’y a plus d’épicerie de centre village à Longny-au-Perche depuis plusieurs années. Des réflexions émergent. Ils sont quelques-uns à se réunir en association en juin 2014, avec en tête l’idée d’ouvrir une épicerie associative dans le village. Un commerce pour y remettre de la vie, y remettre de l’emploi, y remettre du lien social. Un commerce qui placerait au centre de sa proposition le bio et le local. Il a d’abord fallu travailler sur le projet et son financement. Le projet a bénéficié d’un véritable soutien de partenaires publics ou privés, apportant des aides financières mais aussi des savoir-faire et un réseau important.
Epicerie associative, un modèle choisi.
Il n’y avait pas de volonté d’enrichissement personnel derrière cette idée. L’objectif était que Barnabé l’épicier soit au service du développement de la petite agriculture, de la création d’emploi, du lien social. Le modèle associatif est donc venu assez simplement. L’épicerie n’a pas vocation à générer un enrichissement privé mais celui de la communauté, du territoire.
Revenons en 2014. Les choses sérieuses démarrent, il faut trouver un local, et sur la place car dans nos petits bourgs, cela devient une condition de survie. C’est chose faite à la fin de l’année 2014. L’association recrute ensuite sa première salariée et le magasin peut ouvrir, fin avril 2015. L’association fédère alors une dizaine de personnes, dont quelques bénévoles qui viennent compléter le travail de la salariée. Cette présence bénévole a été importante dans la vie de Barnabé l’épicier et a permis de soutenir son activité en magasin jusqu’au recrutement d’une seconde salariée, rendu possible fin 2016 avec l’évolution de la rentabilité et un modèle, d’abord fragile, qui se stabilisait. De 25 producteurs locaux, bios ou conventionnels, l’association a progressivement fédéré 30, 40 et aujourd’hui 50 producteurs locaux.
Du bio et du local, avant tout.
Le local, en bio majoritairement, ou en conventionnel, représente près de 45% du chiffre d’affaires de Barnabé l’épicier. Barnabé bénéficie de la plateforme MIL Perche, service d’intermédiation logistique entre les producteurs locaux du Perche et les professionnels de l’alimentation. Cela a permis de référencer de nouveaux produits et de limiter les déplacements, coûteux en temps, en énergie, en impact carbone aussi ! Aujourd’hui, un peu moins de 15 producteurs locaux sont livrés par MIL Perche. L’équilibre du modèle économique de l’épicerie repose sur un complément avec une épicerie bio et du vin – bio également. C’est cette offre diversifiée qui a permis la pérennité du projet.
Aujourd’hui Barnabé l’épicier emploie deux salariées et dégage un résultat suffisamment positif pour pouvoir leur verser des primes lors des bons mois. En 5 ans, le nombre de producteurs locaux a doublé. Le magasin participe financièrement à une collecte pour la Banque alimentaire à destination de ses voisins les plus démunis, à Longny et à Tourouvre. Ce sont autant de signes qui ancrent l’épicerie dans un fonctionnement aujourd’hui pérenne et serein, ce qui n’a pas toujours été le cas, quand on démarre avec des petits moyens et une petite équipe !
Barnabé l’épicier, un pionnier dans la « reterritorialisation de l’alimentation » dans le Perche.
En 2015, Barnabé l’épicier faisait partie des premiers magasins percherons affichant une proposition qui tranchait face à celle de la grande distribution, que ce soit en matière d’offre (bio et local d’abord) ou de modèle économique (pas d’enrichissement privé). Le territoire a depuis vu naître d’autres offres, plus classiques ou plus alternatives, qui mettent elles aussi le local au centre de la promesse. Toutes ces initiatives sont assurément une bonne nouvelle pour le territoire du Perche.
Des projets de développement et de transformation.
L’épicerie, aujourd’hui pérenne, devrait voir s’ouvrir courant 2021 un second magasin à Tourouvre-au-Perche. Une équipe s’est montée, des habitants du bourg et des élus, pour réfléchir au développement du projet. Les travaux vont commencer cet hiver. A l’époque de la création de l’association, cette idée que Barnabé pourrait faire des petits était un souhait un peu utopique. L’utopie est pourtant en train de se réaliser ! Quant au modèle Barnabé, une réflexion est en cours pour le transformer en coopérative, et ainsi permettre à ceux qui le souhaiteront de s’engager dans un fonctionnement démocratique et participatif de sa gouvernance. Ce sera sans doute l’objet d’un prochain article car le sujet mérite d’être développé !
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